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Travailler entre micro-entrepreneurs, quelles options ?

Temps de lecture : 6 minutes

Publié le 10 mars 2020

Mis à jour le 15 décembre 2025

Marie-Laure Bouchet

s'associer micro-entrepreneurs

S’associer à plusieurs micro-entrepreneurs vous permet de mutualiser vos compétences et vos moyens matériels tout en proposant un service étendu. Mais, comment procéder ? Quel mode de collaboration choisir ? Quelles sont les bonnes pratiques et les erreurs à éviter ? Réponses dans l’article.

s'associer en micro-entreprise

Collaborer avec d’autres entrepreneurs, quels avantages ?

S’associer entre micro-entrepreneurs a l’immense avantage de briser la solitude souvent ressentie par les entrepreneurs, mais ce n’est pas le seul…

  • Vous pouvez proposer une offre plus complète à vos clients. Chaque micro-entrepreneur va apporter des compétences complémentaires aux vôtres, de quoi élargir votre offre et toucher une clientèle plus large .
  • Avec une offre étoffée, les contrats seront plus importants et donc plus rémunérateurs. Travailler ensemble vous permettra donc de booster votre chiffre d’affaires, de participer à des appels d’offres de plus grande ampleur, un coup de pouce évident, surtout quand on démarre !
  • Vous pouvez également partager vos locaux avec le ou les micro-entrepreneurs avec lesquels vous travaillez. Ce partage des locaux divise le montant du loyer mais aussi de toutes les charges qui s’y rattachent.

Peut-on s’associer lorsqu’on est en micro-entreprise ?

Une auto-entreprise (ou micro-entreprise, il s’agit bien du même statut) est par définition une structure individuelle. Chaque entrepreneur exerce son activité de façon autonome, avec son propre numéro SIRET et sa propre comptabilité.

Des collaborations sont possibles entre micro-entrepreneurs, mais il est nécessaire de respecter certaines règles, sinon les conséquences peuvent être lourdes. En effet, l’entreprise prend le risque d’une requalification en société.

Comment s’associer en micro-entreprise ? 

Si vous souhaitez travailler avec d’autres micro-entrepreneurs dans un cadre formel sans avoir à changer votre statut juridique, vous pouvez vous tourner vers ces différentes solutions.

Le GIE en micro-entreprise

Un groupement d’intérêt économique (GIE) est un groupement d’entrepreneurs. Le but est de faciliter le développement des entreprises en mutualisant les moyens humains ou matériels de chacun. Vous pouvez dès lors vous regrouper entre plusieurs auto-entreprises par le biais du GIE pour proposer à vos clients une offre commune qui regroupe les ressources de chacun.

Le contrat de partenariat commercial

Pour développer une activité commerciale, pensez au contrat de partenariat commercial. Il permet de collaborer de manière continue et de pouvoir bénéficier de l’expertise de votre partenaire commercial.

La sous-traitance en auto-entrepreneur

Vous pouvez aussi choisir de sous-traiter une partie du travail en établissant un contrat de sous-traitance. Ce cas est notamment fréquent dans le bâtiment pour des missions ponctuelles.

La société civile de moyens (SCM)

Cette forme juridique de société est destinée aux professions libérales. Elle sert à fournir des moyens (matériels par exemple) à ses membres mais elle ne permet pas d’exercer une activité. Chaque membre garde donc son indépendance concernant son activité tout en mettant en commun des moyens pour y arriver.

Il est également possible de choisir le statut de Société Pluri-professionnelle d’exercice (SPE). Ces sociétés sont destinées à permettre à différentes professions réglementées d’exercer en commun.

Cas particulier : la situation du conjoint collaborateur

Si vous êtes en concubinage avec une personne travaillant sous le statut auto-entrepreneur et que vous exercez des activités proches ou complémentaires, vous ou votre partenaire peut choisir le statut de conjoint collaborateur. En revanche, même si ce cadre offre une protection sociale, il ne permet pas au partenaire de toucher une rémunération.

Et pour travailler ensemble sans s’associer ?

Le coworking (pour diminuer vos charges)

Si pour vous le seul point positif de ce rapprochement est le partage des locaux et des charges, tournez-vous plutôt vers le coworking. Pas besoin de s’associer avec d’autres micro-entrepreneurs pour partager votre espace de travail et minimiser vos coûts. Le coworking est aussi connu pour être un espace d’échanges dans lequel vous pourrez rencontrer d’autres micro-entrepreneurs officiant dans des secteurs d’activité proches du vôtre.

Adhérer à un réseau d’indépendants

Si vous manquez de collègues avec qui partager vos questionnements métier et que vous en avez marre de la solitude occasionnée par le travail en solo, vous pouvez intégrer un réseau de chefs d’entreprise ou de freelances. Les adhérents se rencontrent généralement lors de petits-déjeuners, déjeuners ou ateliers afin de présenter leurs activités et d’échanger sur leur quotidien entrepreneurial. Qui sait, en plus du bénéfice social, cela peut-être une opportunité de trouver de nouveaux clients ?

Association entre micro-entrepreneurs, les erreurs à éviter

Avant de vous associer avec un autre micro-entrepreneur, prenez en compte que certaines collaborations comprennent également des risques. 

Erreur n°1 : travailler avec la mauvaise personne

Pour une relation de qualité, il faut connaître la personne avec qui vous souhaitez travailler. Echangez largement sur toutes les modalités de la collaboration de manière à devancer de possibles désaccords. Partage-t-elle les mêmes valeurs et la même vision du travail que vous ? Souhaite-t-elle partager ses compétences ? Ce que vous allez vous apporter réciproquement sera-t-il équitable ? 

Erreur n°2 : ne pas être dépendant de ce nouveau partenaire

Lorsque vous avez lancé votre micro-entreprise, la liberté offerte par ce statut a du vous séduire. Même si vous collaborez avec un professionnel de manière régulière, vous devez veiller à conserver votre indépendance. En effet, votre offre va également dépendre de ses prestations mais il faut savoir poser des limites et prévoir des alternatives(d’autres professionnels à solliciter ou d’autres manières de procéder).

Si pour n’importe quelle raison, vous ne pouvez plus envisager cette collaboration, dépendre du savoir-faire et des contacts d’un autre micro-entrepreneur vous place dans une position délicate. En clair, « on ne met pas tous ses œufs dans le même panier », votre CA ne doit pas dépendre du bon vouloir d’un partenaire. Développez vos activités pour éviter toute dépendance économique. 

Dans certain cas, si un lien de subordination s’instaurait, vous pourriez vous retrouver face à un risque de requalification. 

Erreur n°3 : faire une seule facture 

Mettre en commun vos prestations sur une seule et même facture représente un risque. Chaque prestation doit faire l’objet d’une facture. En plus de ça, celui qui facture les deux prestations en son nom et reverse le produit de la sous-traitance à l’autre prend le risque de dépasser plus rapidement les seuils de chiffre d’affaires du régime micro-entrepreneur.

Attention, vous devez faire attention à la façon dont vous collaborez pour éviter une requalification en société de fait et une accusation de fraude fiscale ou d’abus de droit.

Même si cela reste rare, les créanciers peuvent considérer que les micro-entrepreneurs qui se sont associés sont solidaires. Dans ce cas, si votre partenaire ne peut pas assurer le paiement de ses charges, les créanciers peuvent s’adresser aux personnes travaillant avec lui. 

Expliquez à vos clients que pour exécuter la mission, ils font appel à deux prestataires différents. De ce fait, vous devez élaborer deux factures différentes, une facture pour chaque prestation.

Quel est le meilleur statut pour s’associer quand on est  micro-entrepreneur ?

À la lecture de ces éléments, vous pensez que la sortie du régime micro-entrepreneur vers une société est la meilleure option pour développer votre activité.

Vous pouvez vous diriger vers la SARL et la SAS qui représentent les structures les plus appropriées pour une transition vers un projet entrepreneurial partagé. Ces formes sociales permettent d’accueillir plusieurs partenaires tout en protégeant le patrimoine personnel. 

La SARL séduit par son cadre réglementé qui sécurise les relations entre partenaires. Composée d’au moins deux associés, elle convient particulièrement aux petites structures avec un budget limité.

La SAS offre quant à elle davantage de souplesse dans son organisation et sa gestion quotidienne. Sa flexibilité facilite l’entrée de nouveaux investisseurs et l’adaptation aux évolutions du marché.

Le conseil de nos experts-comptables pour « s’associer » à plusieurs micro-entrepreneurs

Partage d’astuces, retours d’expériences, développement du réseau : travailler entre micro-entrepreneurs est attrayant surtout quand vous vous lancez. Rien ne vous empêche donc de bénéficier des compétences ou des moyens matériels d’un autre micro-entrepreneur, à condition bien sûr de bien se mettre d’accord sur les contours de la collaboration. Sinon, tournez-vous vers des solutions plus encadrées (GIE, contrat de partenariat commercial…).

À noter pour tous les micro-entrepreneurs qui souhaitent diversifier leur activité sans avoir d’associés : vous ne pouvez pas créer deux auto-entreprises. Une seule entreprise individuelle peut être créée pour une personne physique. Par contre, vous avez la possibilité de cumuler deux activités mais au sein de la même micro-entreprise.

peut-on s'associer en micro-entreprise

Pour aller plus loin sur le sujet : Ecoutez l’épisode de notre podcast Racompta’life

Freelances : ils ont lancé un collectif @LA FREELANCERIE pour ne plus jamais être seuls : « Je voulais casser la solitude, en tant que freelance, j’ai créé ce collectif pour avoir un groupe avec qui je peux parler de plein de sujets dont je ne peux pas discuter avec la famille, avec Pôle Emploi ou la CCI.», François, freelance web depuis 2017 et co-fondateur du collectif La Freelancerie à Nantes.

 

Article publié initialement le 10 mars 2020

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