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Quel statut choisir entre micro-entrepreneur et SASU ?

Temps de lecture : 8 minutes

Publié le 15 janvier 2018

Mis à jour le 17 novembre 2025

Marie-Laure Bouchet

sasu ou micro-entreprise

SASU ou micro-entreprise ? Dans les deux cas, vous créez seul et menez votre projet à votre guise. Pour autant, ce sont deux statuts juridiques bien distincts. Sur le plan juridique, comptable, social et fiscal, ce sont deux cadres différents. Le micro-entrepreneur est une forme souple et simple, mais limitée. La SASU (Société par Actions Simplifiée Unipersonnelle) offre un cadre plus structuré, plus intéressant si vous touchez vos aides de France Travail (anciennement Pôle emploi), mais aussi plus onéreux. Le point sur les limites et les avantages pour faire le bon choix entre SASU et micro-entrepreneur.

micro entreprise ou sasu

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La SASU, un cadre à la fois souple et structuré

La SASU, société par actions simplifiée unipersonnelle, est en fait une SAS créée par une seule personne, que celle-ci soit physique ou morale.

Un cadre souple et structuré

Dans la SASU, ce sont les statuts qui régissent le fonctionnement de la structure. Le créateur profite donc d’une grande liberté d’organisation au sein de sa structure. Pour cela, il est nécessaire de bien soigner la rédaction des statuts afin de tenir compte de toutes les particularités de l’activité et du fonctionnement voulu par le créateur.

Point intéressant, la responsabilité du dirigeant est limitée à la hauteur des apports

Aussi, vous pouvez profiter du sérieux coup de pouce de l’ARE (Allocation Retour à l’Emploi) pendant vos premiers mois d’activité, sachez que tant que votre SASU ne vous permet pas de vous verser une rémunération, vous allez toucher 100 % de votre allocation chômage. Ce n’est pas le cas en micro-entreprise. En effet, en micro, dès que votre activité génère un chiffre d’affaires, votre allocation mensuelle est revue à la baisse, quand bien même votre résultat (très différent du CA) ne vous permet pas encore de vous verser des rémunérations.

Des formalités plus coûteuses

Du point de vue des formalités, comme en SAS, un certain nombre d’étapes s’impose pour créer une SASU :

  • la rédaction des statuts, nous en avons déjà parlé, mais insistons, s’il y a un point à soigner en SASU, c’est bien celui-là. Faites-vous accompagner par un juriste spécialisé, notamment si vous projetez dans un avenir plus ou moins proche la possibilité de vous associer, vos statuts doivent pouvoir le permettre ;
  • la rédaction et la publication de l’annonce légale ;
  • le dépôt du capital social en banque et la récupération de l’attestation de dépôt de capital. Celle-ci vous sera demandée dans le dossier définitif de constitution. Le montant minimum du capital social est de 1 € ;
  • le dépôt de l’annonce légale dans un journal dédié (papier ou en ligne) ;
  • le dépôt de votre dossier de constitution finalisé auprès du Guichet Unique.

Bon à savoir : depuis le 1er janvier 2023, les formalités d’entreprises relatives aux SASU et aux micro-entreprises se font auprès du Guichet Unique géré par l’INPI.

Ces formalités administratives sont assez chronophages, elles supposent aussi un minimum d’investissements. En effet, comptez pour cela les coûts suivants :

  • le coût d’un conseil pour la rédaction des statuts (nous vous déconseillons de vouloir en faire l’économie),
  • le coût de la nomination d’un commissaire aux apports, en cas d’apports en nature*
  • le coût d’un brevet pour une marque, du matériel informatique, etc.

En ce qui concerne le coût moyen de création d’une SASU, il faut compter 300 à 400 euros de formalités et entre 150 et 500 euros HT d’honoraires de conseil ou juriste pour rédiger et faire les formalités.

Bon à savoir : les frais que vous avancez avant la création de votre entreprise peuvent ensuite être remboursés par la société.

Ensuite, une fois la SASU en place, d’autres formalités administratives liées à la forme de la société s’imposent encore : tenue des registres juridiques, dépôt des comptes sociaux, assemblée générale, etc.

Le micro-entrepreneur, un statut simple et accessible à tous, mais parfois moins rentable

La micro-entreprise offre un cadre bien différent de la SASU. Premièrement, le micro-entrepreneur est un régime fiscal et social, le créateur a le statut d’entrepreneur individuel. Autrefois confondus, les biens utilisés pour la micro-entreprise sont dissociés des autres biens de l’entrepreneur.

Le statut d’autoentrepreneur est bien connu, mais rappelons simplement qu’il fonctionne sur le principe suivant : tant que l’activité ne génère pas de CA, vous ne payez ni charges sociales ni impôt sur le revenu. Il est facile d’accès (une simple déclaration en ligne suffit pour démarrer) et cette formalité ne coûte rien. La simplicité offerte par le régime auto-entrepreneur explique sans doute le large succès qu’il a remporté depuis son lancement. 

Voici les différents plafonds concernant la micro-entreprise à connaître en 2025  :

Pour les activités commerciales, artisanales ou d’hébergement : 

  • plafond de chiffre d’affaires : 188 700 €
  • seuil de TVA : 85 000 € (seuil de base) et 93 500 € (seuil majoré)

Pour les prestations de services et activités libérales :

  • plafond de chiffre d’affaires : 77 700 €
  • seuil de TVA : 37 500 € (seuil de base) et 41 250 € (seuil majoré)

Ainsi, si vous dépassez pendant deux années consécutives le plafond de chiffre d’affaires, vous devrez quitter le régime de la micro.

Lorsque vous dépassez le seuil de TVA, vous pouvez rester sous ce régime, mais vous devez facturer la TVA à partir de l’année suivante. Vous pourrez également la récupérer sur vos achats. Attention, si vous avez franchi le seuil majoré de TVA, la micro-entreprise est soumise à la TVA immédiatement.

Par ailleurs, même si vous êtes dispensé de tenir une comptabilité, il est recommandé d’ouvrir un compte bancaire dédié à cette structure (obligatoire après avoir réalisé un chiffre d’affaires dépassant les 10 000 € pendant deux ans). Cette mesure vous permet de mieux suivre votre activité, notamment sa viabilité.

Auto-entrepreneur ou SASU : comment choisir entre les différents statuts pour son entreprise ?

Les deux statuts conviennent parfaitement à l’exercice d’une activité indépendante. Alors pour choisir entre SASU ou micro-entrepreneur, il faut comparer les spécificités de chacune. Là où les deux statuts vont largement différer, c’est en matière de statut social et fiscal.

SASU ou auto-entreprise : point de vue social

En SASU, vous êtes assimilé salarié et affilié au régime général dès que vous vous rémunérez. En clair, vous bénéficiez de la même protection sociale qu’un salarié (à l’exception de l’assurance chômage). Vous devez donc établir des bulletins de salaire en bonne et due forme et déclarer vos cotisations sociales aux différentes caisses via la DSN (Déclaration sociale nominative).

De son côté, le micro-entrepreneur paie des cotisations sociales en fonction de son CA et bénéficie du régime microsocial. Celui-ci offre une couverture sociale minimale au titre de la santé (maladie-maternité), des allocations familiales, de la retraite (base et complémentaire), de la prévoyance et de la formation professionnelle.

Voici les taux de cotisations sociales pour le régime de la micro-entreprise en 2025 :

  • achat / revente de marchandises (BIC) : 12,3 %
  • prestations de services commerciales et artisanales (BIC) : 21,2 %
  • autres prestations de services (BNC) : 24,6 % (augmentation du taux en 2026 : 26,1 %)
  • professions libérales réglementées relevant de la CIPAV (BIC ou BNC) : 23,2 %
  • locations de meublés de tourisme : 6 %

SASU ou auto-entreprise : point de vue fiscal

Là encore, les deux statuts fonctionnent très différemment au niveau du régime fiscal.

En SASU, il est possible de créer un patrimoine professionnel. La plupart des dépenses générées par l’activité vont permettre d’amortir l’impôt (usage du téléphone, Internet, part des locaux personnels utilisés en tant que bureau, frais de déplacement, etc.). Par défaut, la SAS est soumise à l’impôt sur les sociétés (impôt sur les sociétés), mais le dirigeant peut opter pour l’impôt sur le revenu (IR) pendant cinq ans sous certaines conditions. 

Au contraire, le micro-entrepreneur n’est pas imposé sur un bénéfice, mais sur son chiffre d’affaires. Il ne peut donc pas déduire ses frais et devra les supporter au même titre que des frais personnels.

Le cumul SASU et auto-entrepreneur est-il possible ?

La législation française autorise le cumul entre une activité en auto-entreprise et la présidence d’une SASU. Cependant, les activités exercées doivent être bien distinctes. Un consultant informatique ne peut pas facturer les mêmes prestations sous les deux statuts.

Concernant sa protection sociale, le dirigeant conservera son statut d’assimilé salarié pour la SASU tandis que son activité de micro-entrepreneur relèvera du régime micro-social.

sasu ou micro entreprise

Pourquoi passer du régime micro-entrepreneur au statut de SASU ?

Si vous avez des projets de développement ou que vous dépassez les seuils de chiffres d’affaires de la micro-entreprise, vous avez la possibilité de faire évoluer votre entreprise vers une SASU.

Cette modification de statut est intéressante pour plusieurs raisons :

  • si vous cherchez des investisseurs ou souhaitez lever des fonds : il est possible de céder des actions ou d’augmenter le capital pour faire entrer de nouveaux actionnaires. Les banques accorderont plus de crédit à votre projet si vous êtes en SASU ;
  • pour changer de régime fiscal et déduire vos frais professionnels de votre base imposable si l’imposition à l’IS s’avère plus bénéfique pour vous ;
  • pour protéger votre patrimoine personnel : le patrimoine personnel du dirigeant et celui de la SASU sont bien distincts ;
  • pour bénéficier d’un régime social plus protecteur : en tant que président assimilé salarié, le chef d’entreprise est sous le régime général de la Sécurité Sociale.

Vous envisagez de basculer vers la SASU ? Chez Amarris Expertise Comptable, nous accompagnons depuis plus de 25 ans les entrepreneurs dans le développement de leur activité. Analyse rigoureuse de vos données financières, conseils personnalisés, recommandations sur mesure : nos experts-comptables sont joignables directement sur leur mobile et vous répondent dans les 24h (jours ouvrés). Et cela, que vous souhaitiez leur faire part d’une interrogation ou que vous vouliez mieux comprendre vos obligations.

Forme juridique : le conseil de nos experts-comptables pour arbitrer entre SASU et auto-entrepreneur 

Tout va dépendre des souhaits de chacun en matière de création. Pour aller vite, disons qu’il est plus intéressant d’opter directement pour le régime de la microentreprise (ex auto-entreprise) si vous trouvez dans l’une des trois situations suivantes :

  • vous n’avez pas de budget pour créer une société ;
  • vous souhaitez tester votre idée de business ;
  • ou bien, vous souhaitez créer avec le moins de formalités possible.

Attention : nous vous rappelons que le statut de l’auto-entreprise est cumulable avec le statut salarié, mais pas le statut TNS.

Si vous devez convaincre des investisseurs en affichant un capital social, si vous cherchez des financements ou envisagez assez rapidement de vous associer, choisissez la SASU.

Si vous pouvez bénéficier de l’ARE pour vous lancer, le choix de la SASU vous permettra de toucher 100 % de votre ARE pendant toute la période où vous ne pouvez pas vous rémunérer.

Notons aussi, qu’en SASU comme en micro-entreprise, vous ne cotisez pas à l’assurance chômage au titre de votre activité non salariée. Dans certains cas, il est possible de bénéficier de l’allocation pour les travailleurs indépendants (ATI). Aussi, la souscription d’une assurance chômage privée pour dirigeant d’entreprise peut être intéressante pour profiter d’une indemnisation en cas de perte d’emploi. Les frais engendrés seront déductibles de votre résultat en SASU, mais pas en micro.

* En SASU, il est possible de ne pas nommer de commissaire aux apports si le total des apports en nature ne représente pas plus de la moitié du capital social, et aucun des apports en nature n’a une valeur supérieure à 30 000 €.

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FAQ sur la SASU versus la micro-entreprise

Il n’existe bien évidemment pas une seule et unique réponse à cette question. Les possibilités sont vastes et le statut le plus adapté pour vous ne sera pas le même que pour un autre professionnel. Deux critères sont à étudier de près pour vous décider : la nature de votre activité et vos objectifs à moyen terme.

Un prestataire de services avec un chiffre d’affaires modéré trouvera son compte dans un statut de micro-entrepreneur. À l’inverse, une activité nécessitant des investissements importants ou visant une croissance rapide s’épanouira davantage sous le régime de la SASU.

Prenez en compte votre situation personnelle : si vous avez besoin de tester votre marché, pourquoi ne pas démarrer en micro-entreprise qui présente de minces obligations comptables ? De son côté, un cadre expérimenté bénéficiant d’un réseau solide préférera sans doute structurer directement son activité en SASU pour bénéficier d’une meilleure protection sociale en dépit des formalités administratives plus importantes.

Contrairement à la micro-entreprise, une entreprise individuelle en SASU n’impose aucun seuil minimum de chiffre d’affaires pour sa création ou son maintien. Un entrepreneur peut démarrer avec un chiffre d’affaires très faible, voire nul durant les premiers mois d’activité.
La rentabilité d’une SASU devient particulièrement intéressante à partir d’un chiffre d’affaires annuel de 35 000 euros afin d’absorber les frais de structure et de gestion. Cette estimation prend en compte les charges sociales, la rémunération du dirigeant et les honoraires comptables

La SASU permet de créer une personne morale distincte de son dirigeant, avec un patrimoine propre et une responsabilité limitée aux apports. Cette séparation permet une meilleure protection des biens personnels du président de la SASU.

L’entreprise individuelle fonctionne différemment : l’entrepreneur exerce en son nom propre, même si son patrimoine personnel bénéficie désormais d’une protection automatique grâce au nouveau statut unique.

La gestion quotidienne varie également. Une SASU requiert la tenue d’une comptabilité complète, la rédaction de procès-verbaux d’assemblées et le dépôt annuel des comptes au greffe. L’entreprise individuelle autorise une gestion plus souple, avec des obligations comptables allégées pour les petites structures.

Les obligations comptables représentent le frein majeur de la SASU. Un dirigeant consacre en moyenne 8 à 10 heures par mois aux tâches administratives obligatoires : établissement des bulletins de paie, déclarations sociales et fiscales mensuelles ou trimestrielles.

La tenue d’une comptabilité rigoureuse nécessite souvent le recours à un expert-comptable. L’obligation de déposer les comptes sociaux chaque année auprès du greffe du tribunal de commerce s’ajoute à ces exigences.

Sa gestion demande une vigilance particulière pour respecter le formalisme des décisions : rédaction des procès-verbaux d’assemblées, mise à jour des registres légaux, conservation des documents sociaux.

Pour les activités générant un chiffre d’affaires modéré, le statut de micro-entrepreneur présente l’avantage de charges sociales calculées uniquement sur les encaissements réels.

À choisir si vous souhaitez :

  • Démarrer votre activité mais n‘avez pas encore de visibilité sur le volume de CA que vous allez pouvoir générer sur votre 1ère année d’activité. La micro-entreprise est en quelques sorte un « test grandeur nature » de votre capacité à entreprendre en solo.
  • Le plus de simplicité possible dans la gestion de votre activité indépendante (obligations et formalités réduites).

La SASU est une structure impliquant des cotisations plus élevées. Cette différence s’explique par le statut d’assimilé-salarié qui offre une meilleure couverture.

À privilégier si :

  • Vous ressentez le besoin vous associer rapidement pour le bon développement de votre activité.
  • Vous avez de quoi voir venir et des pistes de CA sérieuses vous permettant d’envisager la création d’une structure génératrice de charges comparée à la micro-entreprise : comptabilité, impact des rémunérations (charges sociales et éventuellement impôt sur le revenu…).
  • Vous avez été bien conseillé et savez que ce choix de structure est le bon ! À la fois :
    • pour le devenir de votre projet entrepreneurial,
    • sur le plan personnel en tant que dirigeant (choix de la couverture maladie-retraite).

Article publié initialement le 15 janvier 2018

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