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Ils obtiennent plus de 10 000 € de financement auprès de particuliers pour lancer leur boîte

Mise à jour le 05/05/2017 4 min Marie-Laure Bouchet

Pour lancer leur atelier de production en France, les deux jeunes diplômés fraîchement lancés dans la fabrication d’insectes apéritifs (si, si) ont besoin de financement. Mais les banques ne sont pas prêtes à les suivre. Alternative, les particuliers : en 30 jours, ils décrochent plus de 10 000 € de financement. Une réussite qui tient à de nombreux paramètres. Ils nous confient les ingrédients d’une telle recette…

« Une campagne de crowdfunding, c’est comme un marathon, tout est dans la préparation, mais rien n’est jamais gagné d’avance non plus… »

Bastien Rabastens, Clément Scellier, co-fondateurs de Jimini’s, fabrique d’insectes apéritifs.

 

Amarris Direct (ECL) : Pourquoi avoir fait appel aux particuliers plutôt qu’à d’autres financeurs, comme les business angels ?

Bastien Rabastens (BR) : Se faire financer par les particuliers présentait deux avantages majeurs pour nous. Tout d’abord obtenir les fonds nécessaires à notre projet bien sûr. Mais c’était aussi l’occasion de tester nos produits « grandeur nature ».

En somme, nous avons fait le pari de convaincre avec un produit encore virtuel. Les particuliers qui ont donné les premiers euros de financement ont été nos premiers ambassadeurs. Ils ont démontré l’existence de notre marché. Une preuve tangible qui a convaincu, par la suite, des financeurs plus traditionnels…

Pour solliciter les dons de particuliers, Jimini’s choisit la plateforme Réservoir Funds et y propose en en « pré-vente » ses boîtes d’insectes apéritifs. D’autres contreparties, tel un déjeuner avec les fondateurs, sont prévues et graduées en fonction du montant de participation.

 

ECL : plus de 10 000 € en moins de 30 jours… comment avez-vous fait ?

BR : Nous nous sommes fait conseiller ! Une campagne de crowdfunding, c’est un peu comme une campagne de communication, cela s’imagine, se prépare, se calibre… bref, il y a un vrai travail de préparation à anticiper :

  • Quelles seront les montants de participation possible ? A partir de combien ? 5 € ? 10 € ? 15 € ? Et jusqu’à combien ?
  • Quelles seront les contreparties offertes ? Est-ce qu’une prise de participation au capital est envisagée ? Etc.
  • A quel moment l’entreprise va-t-elle communiquer ? Comment ? Est-ce que le produit ou service est facilement compréhensible par tous ? Est-ce que le « discours » pourra être facilement repris par les 1ers contributeurs qui vont parler du projet ?

ECL : Cela semble très orchestré, quelles ont été les bonnes pratiques qui ont apportés le supplément d’âme indispensable dans ce genre d’opération ?

BR : Encore une fois, communiquer de manière directe et « humaine », c’est l’une des principales clés. Par exemple, il faut indiquer au fur et à mesure que la campagne de crowdfunding avance le montant de contributions atteint aux participants.

Et si tout se passe bien, le bouche-à-oreille fait le reste. De fait, une fois qu’un contributeur a participé, il a intérêt à ce que d’autres le fasse. Car si le montant de la somme prévue initialement n’est pas atteint il sera remboursé et n’obtiendra pas les « contreparties » proposées dans le cadre de la campagne.

Mais il faut tout de même entretenir le bouche-à-oreille et ne pas hésiter à solliciter tous les relais possibles. D’ailleurs c’est comme ça que notre expert-comptable lui-même a contribué à financer notre projet. Notre conseiller Amarris Direct en a profité pour tester quelques boîtes de criquet et a même eu la bonne idée d’en parler sur la page Facebook d’Amarris Direct, très sympa !

 

ECL : Un truc à partager pour que le déclic se fasse au moment d’ouvrir le porte-monnaie ?

BR : C’est mon associé et moi-même qui avons mis les 50 premiers euros de financement dès la 1re heure de la campagne de crowdfunding. C’est l’effet d’entraînement.
Imaginez si c’est vous qui cliquez en 1er sur l’annonce de la campagne, si le montant de participation est à zéro, vous allez hésiter à miser. Alors que s’il est déjà positif, au contraire, vous êtes en confiance.

 

ECL : On peut dire que le succès d’une campagne est à la mesure de l’énergie fournie non ? Vous y avez passé beaucoup de temps ?

BR : Oui cela n’a rien à voir avec un dossier de financement à déposer en banque où une fois le dossier prêt, vous n’avez plus qu’à attendre.

Ne négligez pas non plus le temps de gestion des « contreparties ». Nous n’avions pas imaginé le temps que prendrait l’empaquetage des quelques 1500 boîtes d’apéritifs commandées par les 301 contributeurs. Si c’était à refaire, nous signerions un contrat pro avec La Poste.

D’ailleurs, encore une bonne pratique, prévoyez un planning raisonnable pour l’envoi des contreparties pour ne faire attendre trop longtemps vos contributeurs. Il ne faudrait pas que le bouche-à-oreille instauré autour de la marque se retourne contre vous avec des avis de contributeurs non satisfaits ! Cela peut aller très vite.

 

ECL :  Et aujourd’hui, plus d’un an après, où en êtes-vous ?

BR : Notre atelier de production est opérationnel et fonctionne, nous avons déjà embauché 4 salariés. On peut dire que l’opération de crowdfunding a été un véritable starter. Beaucoup de retombées presse, des investisseurs intéressés…

Aujourd’hui nous sommes distribués dans plus de 200 points de vente en épiceries fines, concept stores et grands magasins comme les Galeries Lafayette et le BHV. Et puis nous avons aussi été sélectionnés pour participer aux assises du financement participatif à Bercy. Bref, nous n’avons pas fini d’offrir des vers à l’apéritif !

 

Jimini’s, carte d’identité
Activité : fabrication et commercialisation d’insectes apéritifs

Date de création : octobre 2012

En savoir + : http://www.jiminis.com

 

Article publié initialement le 22 avril 2015

Marie-Laure Bouchet

Content manager, rédactrice économique (gestion, développement des entreprises), spécialisée dans les sujets relatifs à l’accompagnement des petites entreprises.

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