Combien vaut un restaurant ?

Mise à jour le 11/05/2016 3 min Aude Guibaud

Lors de la vente d’un restaurant, il peut s’avérer compliqué pour le vendeur d’évaluer le montant de son fonds de commerce. Celui-ci surévaluant généralement le fruit de son travail. L’acheteur, quant à lui, agit parfois par coup de cœur, sans se rendre compte de l’impact d’une mauvaise évaluation sur sa future affaire. Cet article a donc pour but de vous donner les clés de réussite d’une bonne évaluation d’un fonds de commerce en restauration.

La valeur du fonds de commerce : entre 50 et 100 % du chiffre d’affaires

Pour tous les types de commerce, il existe des barèmes de valorisation à utiliser à titre indicatif, pour évaluer, ou du moins se donner une tendance, de la valeur d’un fonds de commerce.

Pour les restaurants, celui varie entre 50 et 100 % du chiffre d’affaires annuel TTC avec une moyenne autour de 70 % du chiffre d’affaires annuel TTC. La fourchette est très large car un pourcentage du chiffre d’affaires ou du résultat ne peut suffire à une évaluation fiable et correcte.

Pour illustrer les limites de ce barème, il suffit de prendre l’exemple de deux restaurants aux chiffres d’affaires identiques, 200 000 €, dont l’un dégage 30 000 € de résultat net et l’autre 60 000 €. Il semble évident que leurs valeurs ne peuvent être similaires, l’un des deux restaurants ayant une rentabilité deux fois plus élevée.

La rentabilité est-elle suffisante pour rembourser l’emprunt ?

Il convient d’étudier attentivement les comptes du vendeur. En particulier, la rentabilité dégagée par le restaurant doit permettre de rembourser l’emprunt souscrit, généralement sur 7 ans, pour financer l’acquisition.

Il faut regarder si 80 % de la capacité d’autofinancement (la CAF correspond à la trésorerie d’exploitation, c’est-à-dire le résultat du restaurant augmenté de l’amortissement des immobilisations) permet de rembourser l’emprunt souscrit. Si ce n’est pas le cas, c’est que le prix de l’affaire est trop élevé par rapport à sa rentabilité.

On retient 80 % de la capacité d’autofinancement et non pas 100 % car cela reviendrait à dire que toute la trésorerie de l’entreprise doive être utilisée pour rembourser l’emprunt. Or, il convient de garder de la trésorerie en cas de baisse d’activité, pour les investissements, etc. Il est donc essentiel d’établir les comptes prévisionnels du restaurant que l’on souhaite acheter afin de connaître la rentabilité dégagée et vérifier que celle-ci est suffisante pour éponger la dette.

Les autres éléments à prendre en compte pour évaluer la valeur d’un restaurant

L’évaluation d’un restaurant demande une étude plus approfondie que la seule analyse des comptes du vendeur.

En effet, il va falloir également s’intéresser :

  • Au personnel en place dans le restaurant : a-t-il les compétences requises ?
  • A la concurrence : combien et quelle concurrence à proximité ?
  • A la clientèle : est-elle plutôt fidèle ou de passage ?
  • A l’emplacement : l’endroit est-il suffisamment fréquenté ?
  • Aux perspectives d’évolution : y a t-il une récente implantation d’entreprises à proximité avec du personnel qui cherchera sans doute un endroit où déjeuner, etc.?
  • A l’état du restaurant : est-il aux normes en termes d’hygiène et de sécurité ?
  • Au bail en place : montant du loyer, dépenses à la charge du locataire… ?

Beaucoup d’éléments influeront sur le prix de vente fixé lors de la négociation tant à la hausse qu’à la baisse.

Conseil de nos experts comptables pour l’estimation de la valeur d’un restaurant

Attention, la valeur d’un restaurant dépend du « prix du marché » : c’est-à-dire de ce qu’un acheteur est prêt à payer pour en devenir propriétaire.

Mais ne perdez jamais de vue, que comme tout investissement, un restaurant ne doit pas valoir plus que les revenus cumulés anticipé sur une période de maximum 7 années.

Si la valeur du restaurant dépasse le bénéfice cumulé sur les 7 années à venir, passez à un autre dossier, car il est trop cher !

 

Article publié initialement le 30 septembre 2014

Aude Guibaud

Aude GUIBAUD, titulaire d'un master Comptabilité Contrôle Audit, a débuté sa carrière comme collaboratrice comptable, puis s'est spécialisée dans l'accompagnement des créateurs et repreneurs d'entreprise dans le Grand Ouest.

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